Seconde
Guerre Mondiale 1939 - 1945
- BUCHENWALD - Camp de concentration
- 1944 -
Le 12 mai 1944, Pierre Johnson quitte le camp de Auschwitz-Birkenau,
pour le camp de Buchenwald. Après 2 jours ininterrompus de voyage,
le convoi chargé de déportés entassés dans
des wagons à bestiaux arrive à destination le 14 mai 1944.
Nouveau camp et nouveau numéro d'enregistrement, matricule 185785
s'appelle ici matricule 54574, inscrit sur le registre des entrées
et sur une bout de tissus qu'il doit coudre sur sa veste rayée
avec le triangle rouge portant la lettre F pour "déporté
politique français".
Pour Pierre Johnson, Buchenwald n'est qu'un camp
de transit, déporté avec la
mention NN, il n'est pas gazé suite aux tractations dont
détail au chapitre Compiègne,
il appartient néanmoins à la catégorie 3 c'est
à dire les irrécupérables à interner dans
des camps de travaux forcés jusqu'à ce que mort s'en suive.
Son sort devra être réglé dans un des kommandos
des plus meurtriers du camp de Flossenbürg.
Le classement des déportés par catégorie
est mis en place, au mois de janvier 1941, par Reinhard Heydrich (1904-1942),
officier S. S.. Dans la réalité il ne s'agit que d'une
ordonnance de propagande nazie, car de la catégorie 1 à
la catégorie 3 tous les camps offrent le même programme
: esclavage - déshumanisation - mort.
Reinhard Heydrich, surnommé le "boucher de Prague"
est poignardé le 27 mai 1942 par des résistants tchèques parachutés
de Londres, il meurt le 4 juin 1942.
Histoire du camp de concentration de
BUCHENWALD
Photo aérienne du site de Buchenwald 1944 - Archives famille
Johnson
En 1936 sur la colline de l'Ettersberg, en pleine forêt, à
8 km de Weimar, les nazis décident de construire un gigantesque
complexe industriel formé d'un camp de concentration doté
d'un four crématoire, de deux usines de fabrications de matériel
pour l'armement, d'une ligne de chemin de fer, de routes, d'un village
pour loger la Gestapo et leur famille, de casernements pour les gardiens
et autres bâtiments administratifs.
En 1937 commencent les travaux de déboisement de la forêt
par une centaine de prisonniers de droit commun Allemands, rapidement
rejoint par un milliers d'autres prisonniers de droit commun, mais aussi
des témoins de Jéhovah et des politiques Allemands communistes
entre autre. Le site est baptisé Buchenwald "Bois
de hêtre". Sur la photo on peut voir le "village
de la Gestapo" dont l'implantation vue du ciel ressemble presque
à une nef de basilique, en haut à droite le camp de concentration
des prisonniers entouré de rangées de barbelés
électrifiés et d'une vingtaine de miradors.
En 1938 un système de reconnaissance des déportés
est instauré en fonction du motif de leur arrestation :
les prisonniers de
droits commun portent un triangle vert cousu sur leur veste la pointe
en bas pour les criminels et les violeurs, la pointe en haut
pour les autres prisonniers de droit commun moins dangereux,
un triangle violet
pour les témoins de Jéhovah,
un triangle rouge
pour les prisonniers politiques Allemands,
les prisonniers
juifs Allemands portent d'abord un triangle rouge la pointe en haut
sur un triangle jaune la pointe en bas, puis les deux triangles superposés
seront jaunes formant
l'étoile de David, pour tous les prisonniers Juifs,
les prisonniers homosexuels
portent un triangle rose, etc...
en 1939 la seconde
guerre mondiale est déclarée et le camps de concentration
se peuple de prisonniers des pays occupés par les Allemands.
Plus d'une trentaine de nationalités différentes est destinée
aux travaux forcés, la nationalité des prisonniers politiques
est alors identifiée par une lettre noire sur le triangle rouge,
F pour les français.
Outre les usines d'armement construites à l'intérieur
du projet initial, plus de 100 kommandos extérieurs exploitent
80 000 prisonniers, employés aux travaux forcés.
En 1942 la surpopulation du camp et le manque total d'hygiène
provoquent une importante épidémie de typhus et de dysenterie.
Les Allemands prennent alors une séries de mesures destinées
à enrayer les épidémies :
- construction d'un bâtiment de désinfection où
sont intégralement rasés et désinfectés
les nouveaux arrivants,
- aménagement d'une zone de quarantaine appelée "le
petit camp" entourée de barbelés électrifiés
à l'intérieur de grand camp,
- des vaccins élaborés par les laboratoires allemands
contre le typhus et autres maladies contagieuses sont testés
sur les cobayes humains que sont les déportés pour enrayer
les épidémies sévissant à Buchenwald.
- un block est réservé aux expériences médicales
où un millier de déportés sert de cobayes humains,
plus de la moitié meurt dans d'atroces conditions de souffrance.
En 1943 un nouveau kommando dépendant de Buchenwald est affecté
à la construction d'usines souterraines destinées à
l'industrie de l'armement. Ce kommando devient camp de concentration
indépendant l'année suivante sous le nom de Dora-Mittelbau.
C'est aussi en 1943 qu'arrivent de Compiègne
les premiers convois de déportés politiques Français.
Instants d'une vie à BUCHENWALD
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Déporté politique français, matricule 185785,
arrive le 14 mai 1944 en gare de Buchenwald, après deux
kilomètres de marche, il franchit, avec ses compagnons
d'infortune, dont environ 1500 déportés du "convoi
pucheu", l'imposante entrée, surmontée
d'un mirador et dotée de la célèbre porte
en fer forgé recouvert d'une peinture blanche sur laquelle
est inscrite en lettres forgées peintes en rouge la phrase
visible de l'intérieur du camp : "JEDEM
DAS SEINE" ce qui signifie "A chacun son dû".
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Tout comme à Auschwitz-Birkenau
il passe à la désinfection et au rasage intégral,
avec en plus une séance de vaccination. Trois prisonniers réquisitionnés
s'affairent à cette tâche, le premier badigeonne le futur
vacciné d'un liquide désinfectant, le second injecte à
l'aide d'une seringue une quantité impressionnante d'un liquide
verdâtre, le troisième badigeonne à nouveau d'un
produit désinfectant et Pierre Johnson se trouve soit-disant
vacciné contre le typhus. Il est ensuite mis en quarantaine dans
"le petit camp". Épreuve du vaccin bien inutile car
après la Libération il entre en France porteur de ce maudit
typhus.
Il subira plusieurs fois cette épreuve inefficace et douloureuse,
il se demandera toute sa vie ce que les Allemands ont bien pu lui injecter
à Buchenwald !
Un jour, il me dira, lors de ces rares moments de confidences : "...Dès
que la seringue entre dans la veine je faisais une torsion brusque pour
que le liquide soit injecté à côté, j'avais
les bras et les jambes noires mais ces salauds ne m'ont pas eu !..."
Les piqueurs maladroits touchaient souvent les veines alors qu'il s'agissait
d'une piqûre intra-musculaire. (Voir
livre page 96)
Pierre Johnson reste 11 jours dans cette partie du camp où
l'enfer est quotidien, puis les Allemands ont besoin d'esclaves dans
un autre camp de concentration.
25 mai 1944
matricule 54574, alias matricule 185785,
alias Pierre Johnson,
est transféré au camp de
Flossenbürg
La Résistance à BUCHENWALD
En 1937, les nazis confient la surveillance du camp aux
prisonniers de droit commun (triangle vert) qui imposent une discipline
de fer et d'enfer aux autres détenus tous Allemands.
A partir de 1939/1940 arrivent les prisonniers politiques
(triangle rouge) des quatre coins de l'Europe : Tchèques, Slovaques,
Polonais, Soviétiques, Hollandais, Belges, Luxembourgeois.
En octobre 1941 c'est la rébellion des "triangles
rouges", contre les "triangles verts", c'est la première
tentative de Résistance collective et internationale qui sera
vite jugulée par les S. S. sous forme de représailles
immédiates et expéditives.
En 1942, l'arrivée massive des déportés
politiques, essentiellement communistes, rendent très minoritaires
les déportés de droit commun, pour garder un calme relatif
au sein du camp, les nazis confient la surveillance du camp aux prisonniers
politiques, triangle rouge. L'année suivante la Résistance
clandestine s'organise :
- 1943 Walter Bartel (1904-1992), déporté
politique, communiste Allemand, crée le "Comité
International de Buchenwald"
- 1944 Hermann Brill (1895-1959), déporté
politique, social-démocrate Allemand, crée le "Comité
du Front Populaire de Buchenwald", avec Werner Hilpert (1897-1957),
déporté politique Allemand, président de l'Action
catholique en Saxe
- 1944 Frédéric-Henri Manhès (1889-1959), déporté
politique gaulliste Français et Marcel Paul
(1900-1982), déporté politique communiste Français,
créent le Comité des Intérêts Français
(C. I. F.) et la "brigade française d’action libératrice",
il font également partie du "Comité International
de Buchenwald"
Il y eut des mouvements sporadiques de résistance dans tous
les camps de concentration, mais une résistance structurée
à ce point semble être particulière à Buchenwald.
Si des rivalités existent entre ces différentes formations
de Résistance elles sont négligeables par rapport aux
liens qui les unissent et l'efficacité de leurs actions concertées
:
- SABOTAGE
* " Petit sabotage par-ci, petit sabotage par-là, et voilà
une vis qui prend du jeu, des pièces d’artillerie, des moteurs, des
installations électriques qui subissent une « défectuosité » et la
production industrielle de guerre allemande dans certaines usines
s’en trouve ralentie."
"A titre d’exemple, le sabotage organisé par la résistance
atteint les performances suivantes : concernant les carabines K-43,
les plans de guerre nazis prévoyaient que 55.000 sortent tous les
mois de l’usine Gustloff. 3.000 seulement furent produites en mars
1944, 6.000 en avril, 9.000 en mai et 600 seulement en juin. Les sabotages
étaient si fins, infimes mais efficaces que les services compétents
de l’État major de la Wehrmacht ne purent rien trouver et renvoyèrent
l’ensemble du stock de fusils à l’usine. "
- ARMEMENT
* "La résistance clandestine de Buchenwald se dote d’un Comité
Militaire International dès septembre 1944 et rassemble des armes
(fusils, pistolet-mitrailleur, pistolets, grenades, explosifs, armes
blanches), détournées des usines allemandes d’armement par des déportés
au plus grand péril de leur vie et enterrées sous les planches d’un
bloc de détenus. "
- LIBÉRATION
* "Le comité militaire clandestin possède même un poste de
radio clandestin monté par un déporté polonais et manipulé par un
déporté télégraphiste russe."
le 8 avril 1945 un message en Morse est envoyé "Pour
les Alliés. Pour l'armée du général Patton. Ceci est le camp de concentration
de Buchenwald. SOS. Nous demandons l'aide. Ils veulent nous évacuer.
Le SS veut nous détruire."
le 11 avril 1945 un bataillon de l'Armée Américaine
arrive à Buchenwald
le 13 avril 1945 : l’armée américaine prend le contrôle du camp, reconnaissant
le mérite exceptionnel des Résistants, elle confie l’administration
interne au doyen des détenus politiques allemands, Hans Eiden, et
au Comité International.
- DÉCLARATIONS
Après la Libération des résolutions, serments
et déclarations sont proclamés :
- la déclaration du Comité Front populaire des sociaux-démocrates,
communistes et chrétiens
- le Manifeste des Socialistes Démocrates de Buchenwald des démocrates
et des socialistes sociaux germanophones
- la résolution du Parti communiste de Buchenwald
- de nombreuses déclarations et manifestes dans diverses langues par
les anciens prisonniers
- le Serment de Buchenwald du Comité International Camp de Buchenwald,
dans de nombreuses langues.
LE MANIFESTE SOCIAL DÉMOCRATE
Le 13 avril 1945, à l'initiative d'Hermann Brill, les sociaux-démocrate
allemands et autrichiens mais également d'autres nations
sont rassemblés sur la place d'appel de Buchenwald où
lecture est donnée du « Manifeste des socialistes démocrates
de l'ancien camp de concentration de Buchenwald ». Il s'agit
d'un véritable programme de relance de l'Allemagne par
la lutte contre le fascisme, la réforme du travail, l'éducation,
entre autres. Texte en français,
Texte original en Allemand.
LE SERMENT DE BUCHENWALD
Le 19 avril 1945, une cérémonie à la
mémoire des morts au camp de concentration est organisée
au cours de laquelle, les rescapés de toutes les nationalités,
rassemblés sur la place d'appel de Buchenwald, prêtent
un serment solennel : « .../... De cet Appellplatz,
en ce lieu de crimes fascistes, nous jurons devant le monde entier
: nous n'abandonnerons la lutte que lorsque le dernier des coupables
sera traduit devant le tribunal des peuples. L'écrasement définitif
du nazisme est notre tâche. Notre idéal est la construction d'un
monde nouveau dans la paix et la liberté. Nous le devons à nos
camarades tués et à leurs familles. Nous le jurons. » Après
lecture du serment de Buchenwald en Allemand, en Russe, en Français
et dans toutes les langues parlées par les déportés,
les prisonniers ont levé leurs mains et dit: «Nous
le jurons». Texte
en français. Texte
original en Allemand.
* Les témoignages ci-dessus sont issus des archives de l'Association
Française Buchenwald Dora et kommandos.
MÉMOIRE
Après la libération, Buchenwald faisant partie de la zone
d'occupation soviétique, les américains remettent
le camp aux troupes soviétiques conformément aux
accords de Yalta signés en février 1945.
Tout comme le Stalag II A,
devenu camp spécial n° 9, le camp de concentration
de Buchenwald devient camp spécial n° 2 dès
le mois d'août 1945 jusqu'au mois de février
1950, pour les prisonniers nazis allemands mais aussi les
opposants russes au régime soviétique. Plus de 7000 prisonniers
meurent de faim durant l'hiver 1946/1947. Après la
dissolution du camp, celui-ci est entièrement démoli.
Les responsables justifient la démolition par ces propos
:
« L'essence du camp de concentration de Buchenwald n'est
pas incarnée dans des baraques ou dans des blocks massifs.
»
« L'essence était la profonde camaraderie, l'aide réciproque,
liées et renforcées par le combat contre la terreur fasciste,
la résistance organisée et la foi profonde en la victoire
de notre juste cause ! ».
MÉMOIRE
des TÉMOINS ASSOCIÉS
Qui mieux que les meneurs français de la Résistance
au sein du camp de concentration ne pouvaient transmettre
cette Mémoire collective en France. Le 1er juillet
1945, Frédéric-Henri Manhès et Marcel Paul créent l'Association
Française Buchenwald Dora et kommandos, dont Pierre Johnson
faisait partie. L'association a pour principal préoccupation
le maintien des liens de solidarité entre les rescapés
du camp de Buchenwald, l'entraide et le soutien moral, mais
également apporter leur témoignage aux nouvelles
générations avec l'espoir de préserver
l'avenir.
En mai 1945, tout juste de retour dans leurs foyers, les
survivants de ceux qui subirent les épreuves de la
mine de sel se regroupent pour s'aider mutuellement. Cette
"association de fait" a choisi de devenir
"association de droit" le 24 mai 1991 Amicale
des Déportés à Neu-Stassfurt (Kommando
de Buchenwald) afin de maintenir la mémoire de
ceux qui périrent dans les mines de sel de Stassfurt-
kommando de Buchenwald.
MÉMOIRE
par la PHOTOGRAPHIE
Lorsque l'armée américaine pénètre
dans le camps de Buchenwald, le spectacle qui s'offre à
ses yeux est tel qu'aucun mot n'existe dans le vocabulaire français,
ni dans le vocabulaire américain, ni dans le vocabulaire
allemand pour en donner une description authentique. Le commandement
américain décide donc de filmer et de faire des
photos pour : « Faire connaître la vérité à ceux qui
n’ont pas encore voulu comprendre ».
Le 16 avril 1945, Jules Rouard, photographe Belge engagé
volontaire au 16ème bataillon de la 1ère Armée
Américaine, réalise des centaines de photographies
: « Des pyramides de cadavres devant lesquels il faut ouvrir
les yeux et serrer les dents ». Sur l'une des photos on
peut voir la pile de cadavres en instance de crémation
recouverte d'un drap par les soldats américains qui ont
apposé deux couronnes mortuaires sur le mur extérieur
du four crématoire.
Four crématoire ouvert par un soldat
US
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Intérieur d'un baraquement
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Pile de cadavres en instance de crémation
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MÉMOIRE
MUSÉE et MÉMORIAL
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En 1954 la République Fédérale Allemande
décide la construction d'un immense mémorial
à deux kilomètres du camp de concentration
nazi démoli en 1950. Un gigantesque chemin de la
mémoire, inauguré le 14 septembre 1958, rend
essentiellement hommage aux communistes morts à Buchenwald.
L'entrée du circuit est marquée par un mur
percé ouvrant sur le "chemin des stèles"
où sept bas-reliefs en pierre présentent des
scènes de vie des déportés, puis 3
fosses aménagées en "tombes concentriques"
sont reliées entre elles par "l'allée
des Nations" bordée de 18 stèles,
puis le visiteur arrive sur une esplanade où est
édifiée "la tour de la Liberté"
haute de 50 mètres et surmontée d'un clocher.
A l'intérieur de la tour se trouvent une bibliothèque,
des archives consultables ainsi que des expositions.
Au pied de la tour, au sommet d'un large
escalier, se dresse la statue de Fritz Cremer (1906-1993),
en hommage aux combats de la Résistance dans le camp.
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Après la réunification de l'Allemagne et la chute
du régime communiste, les autorités Allemandes
décident de rendre hommage à tous ceux et toutes
celles qui sont passés au camp de concentration de Buchenwald,
outre les communistes il y avait également les communautés
persécutées par les nazis, passées sous
silence par les communistes mais également les victimes
du camp spécial n° 2. Le 17 mars 2003, le parlement
de la Thuringe décide de créer la «
Fondation des Mémoriaux de Buchenwald et de Mittelbau-Dora
».
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Au mois d'avril 1964, une sculpture en bronze, particulièrement
expressive, réalisée par Louis Bancel
(1926-1978), est inaugurée au cimetière
du Père Lachaise à Paris. Le monument à
la mémoire des déportés du camp de
concentration de Buchenwald-Dora est installé sur
une dalle de granit gravée des vers d'Aragon :
« Qu’à jamais ceci montre comme l’Homme
dut tomber
Et comment le courage et le dévouement
Lui conservent son nom d’Homme. »
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L'ESSENCE
de la MÉMOIRE - Polémique
Au mois de mars 2016, un terrain dépendant
du camp pour y avoir accueilli un kommando, situé à
plusieurs dizaines de kilomètres du camp de concentration
de Buchenwald, a servi de terre d'accueil pour une vingtaine
de demandeurs d'asile réfugiés d'Afrique.
Immanquablement une polémique s'installe
à la fois de la part des associations mémoires
des déportés de Buschnenwald mais également
des opposants politiques au régime en place en Allemagne.
Je voudrais donner mon avis à ce sujet en tant que fille
de déporté interné à Buchenwald
au mois de mai 1944, mais aussi à Flossenbürg,
puis à Dachau en ayant
commencé par être tatoué 185785
à Auschwitz-Birkenau.
Pour moi le devoir de mémoire est important, indiscutable
et nécessaire dans le respect de ceux et de celles qui
ont vécus ces épreuves, qui sont morts durant
ces épreuves, qui sont morts de la suite de ces épreuves
et de toutes les familles touchées par ces épreuves.
C'est quoi le "devoir de mémoire"
?
Est-ce la culture de la haine ? NON
Est-ce entrer dans l'histoire de l'humanité ? OUI
- les déportés de retour des camps,
se sont immédiatement regroupés en associations
à la fois pour s'entraider mais aussi pour ouvrir un
immense chantier le "devoir de mémoire"
- la première génération, les fils et filles
de déportés, dont je fait partie, est marquée
de plein fouet par l'épreuve vécue par le père
et/ou la mère, leur éducation en subit les conséquences,
ils reçoivent en héritage les stigmates de leurs
parents, beaucoup poursuivent ce "devoir de mémoire"
- la seconde génération, les petits-fils et petites-filles
de déportés, élevés par des parents
dont l'un d'eux n'aura probablement pas de lien avec ce passé
concentrationnaire, seront peut-être marqués par
les histoires racontées lors de repas de familles ou
bien les rares confidences des grands-parents déportés,
quelques uns poursuivent ce "devoir de mémoire"
- la troisième génération, les arrières-petits-fils
et arrières-petites-filles de déportés,
auront le recul des jeunes encrés dans leur siècle,
probablement touchés par une histoire de famille qui
leur semblera bien lointaine, espérerons qu'un poignée
poursuive ce "devoir de mémoire"
- quant aux générations suivantes l'histoire risque
d'entrer dans l'oubli sauf si les NATIONS prennent le relais
et entretiennent LEUR histoire, la mémoire ne devient
plus un devoir mais un fait historique remarquable.
Les faits historiques remarquables sont, dans
la majorité des cas, des scènes d'horreurs à
grande échelle. Conserver des espaces de plusieurs milliers
d'hectares au nom du "devoir de mémoire"
est tout à fait louable et respectable, mais a-t-on pensé
à ce que deviendront ces espaces quatre générations
plus tard, lors de changements politiques en Allemagne ou ailleurs
et pourquoi pas lors de soulèvements populaires, guerres
ou révolutions ? Car hélas le Monde est ainsi
fait ! Des monuments plus que centenaires, inscrits au Patrimoine
Mondial, disparaissent à coup d'explosifs.
Alors si on peut, sur ces terrains, donner l'espoir
de Vie dans la Paix retrouvée à ceux qui fuient
la guerre n'est-ce pas là la meilleur revanche sur le
passé ? Bien sur il s'agit de Musulmans et l'entente
n'est pas toujours cordiale avec les Catholiques et encore moins
avec les Juifs et si on faisait enfin la paix une fois pour
toutes. Bien sur la décision est prise par Angela Merkel
cette femme politique qui subit les revers de sa longévité
au pouvoir.
Soyons raisonnable à propos de ce "devoir
de mémoire".
- La plus belle reconnaissance est l'entrée dans les
livres d'histoires, dans les encyclopédies mondiales
et la Mémoire se trouve alors préservée.
- Les musées sont aussi là pour entretenir la
mémoire de façon ludique où les moyens
modernes de communication offrent la pédagogie de l'histoire
accessible à tous.
- La création artistique est là aussi pour apporter
un certain éclairage à ce "devoir de mémoire",
théâtre, cinéma, peinture, sculpture, écriture
etc...
Mais rendons la terre aux terriens pour la Vie de l'Humanité.
Cette terre jonchée de cadavre depuis des millénaires
est toujours fertile, est toujours source de Vie, habiter cette
terre ne déshonore en rien ceux qui y sont mort bien
au contraire, c'est prouver que malgré ces crimes contre
l'humanité rien n'arrête la Vie. Un arbre pousse
au travers les ruines, une famille peut fort bien venir remplacer
cet arbre symbole de vie... et la Vie continue.... dans la Paix
!
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