Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945

- DACHAU - Camp de concentration - 1945 -

Le 9 avril 1945, Pierre Johnson arrive au camp de concentration de Dachau dans un convoi de malades et de mourants évacués du camp d'Hersbrück, satellite de Flossenbürg. A l'ouverture du wagon renfermant plusieurs dizaines de déportés, ce ne sont que des cadavres morts pendant le voyage, seuls 2 ou 3 sont encore en vie dont Pierre Johnson. Matricule 185785, alias matricule 54574, alias matricule 9823 s'appelle ici matricule 151783, inscrit sur le registre des entrées et sur une bout de tissus qu'il doit coudre sur sa veste rayée.

Ce 9 avril il m'en parlera toute sa vie marqué par ce voyage de l'horreur ultime.
Encore 20 jours de souffrances, le typhus qui fait son ravage sur son corps, les nazis qui font leur ravage sur son esprit et tous ces matricules attribués au fur et à mesure des transferts d'un enfer à l'autre qui l'ont transformé en bétail humain ne seront plus qu'un horrible cauchemar. Mais le temps sera long avant que Pierre Johnson et tous ses compagnons d'infortune ne redeviennent des hommes et des femmes dans leur dignité retrouvée.

Histoire du camp de concentration de DACHAU

Le nom de DACHAU apparaît au Moyen-Âge, au début du IXème siècle. Situé en Bavière le site est réputé pour la beauté de son paysage. Le nom de Dachau était à l'époque synonyme de douceur, sérénité, Paradis, les artistes peintres aimaient à en immortaliser le paysage jusqu'au jour où Hitler décide d'en faire un site expérimental. Le nom de Dachau devient alors synonyme d'Enfer, d'horreur où des hommes et des femmes viendront mourir dans les pires conditions servant de cobaye humains aux médecins nazis entre autres.

Le contexte : Dans le cadre d'une crise économique exceptionnelle, la faiblesse du pouvoir allemand de l'époque jugé incompétent, fait face à un tribun ambitieux, au charisme particulier : Adolf Hitler (1889-1945). Considéré l'homme de la Providence, il est nommé chancelier de la République de Weimar le 30 janvier 1933. Fondateur du nazisme, il instaure une dictature totalitaire en Allemagne sous le nom de Troisième Reich. Pour parfaire son autorité il décide d'ouvrir, deux mois plus tard, le premier camp de concentration à DACHAU le 22 mars 1933 où seront internés les opposants politiques communistes et autres.
Sa prise de pouvoir ne s'arrête pas là. Après avoir dissous les syndicats le 2 mai 1933, après avoir imposé le NSDAP comme parti politique unique le 14 juillet 1933, après avoir supprimé l'autonomie des Länder le 30 janvier 1934, après avoir fait assassiné tous ses opposants et ses rivaux (nuit des Longs Couteaux du 29 au 30 juin 1934), Hitler devient président du Reich au mois d'août 1934 cumulant la double fonction de chef d'État (Führer) et de chancelier. Ses méthodes expéditives, développées dans son ouvrage "Mein Kampf", 800 pages qu'il rédige entre 1924 et 1925, aboutiront à déclencher la Seconde Guerre Mondiale.

La construction du camp de concentration (Konzentrationslager, "KZ" en abrégé) de Dachau est donc mise en chantier sous l'autorité de Heinrich Himmler, c'est le premier d'une longue série. Les prisonniers politiques allemands sont chargés de remettre en état les bâtiments d'une grande fabrique de munitions désaffecté et le camp est ouvert fin mars 1933.


Heinrich Himmler
(1900-1945)

La presse annonce l'événement par un article publié dans le Münchner Neueste Nachrichten du 21 mars 1933

« Un camp de concentration pour prisonniers politiques près de Dachau :
Le préfet de police par intérim Himmler a fait au cours d'une conférence de presse la déclaration suivante : Mercredi s'ouvrira près de Dachau le premier camp de concentration. Il a une capacité de 5 000 personnes. Y seront rassemblés tous les fonctionnaires communistes et si nécessaire les fonctionnaires marxistes et ceux appartenant au Reichsbanner, qui mettent en danger la sécurité de l'État ; car si nous voulons éviter une surcharge de l'administration, il n'est pas possible, à la longue, de maintenir les fonctionnaires communistes dans les prisons d'État, alors qu'il n'est pas question non plus de les relâcher. Nous avons donc pris ces mesures sans mesquinerie aucune, convaincus de rassurer ainsi la population nationale et d'agir selon sa volonté. »

La première année seuls les opposants au nouveau régime, les communistes, syndicalistes et socio-démocrates sont internés, afin, je cite, de les "rééduquer par le travail", ainsi que le proclame la mention "Arbeit macht frei" le travail rend libre inscrite sur le portail de Dachau et que l'on retrouve aussi sur celui d'Auschwitz Stammlager, de Flossenbürg entre autres. Puis d'autres groupes de prisonniers arrivent, des Témoins de Jéhovah, des Tsiganes, des homosexuels, des marginaux. Le camp prévu pour 5 000 prisonniers monte à près de 15 000 détenus. Quatre ans plus tard, il est décidé, début 1937, d'agrandir le camp et de construire un immense complexe sur le site d'origine. La main œuvre est toute trouvée, ce sont les prisonniers bien entendu qui commencent par raser l'ancienne usine de munitions.
Après une année de travaux forcés, le nouveau camp, d'une capacité de 30 000 prisonniers, est ouvert fin août 1938. Entouré d'un fossé, de 7 miradors et de fil de fer barbelé électrifié, il contient 31 baraques, un corps de garde à l'entrée principale, une cuisine, une buanderie, des douches, des ateliers, une prison, un camp d'entraînement des SS et un four crématoire. A l'extérieur du camp le long du barbelé Sud se trouvent les villas des SS.


Porte Arbeit Macht Frei
au camp de concentration
de Dachau

En 1942, à côté du four crématoire, un second four crématoire, le baraquement X, est construit avec une chambre à gaz.

© photo National Archives and Records Administration - College Park

Baraques et usine de munitions
camp de concentration de Dachau avril 1933.

Baraques des détenus peu après la libération
camp de concentration de Dachau mai 1945

Particularité du camp de concentration de DACHAU

Comme tous les camps de concentration nazis, dès 1939, des milliers de prisonniers arrivent de France, de Pologne, de Belgique, de Hongrie, de tous les pays en guerre avec l'Allemagne mais aussi des prisonniers des races à exterminer comme les Juifs, les Tziganes entre autres, au total plus d'une trentaine de nationalités différentes. Dachau représente un immense vivier de main d'œuvre cosmopolite pour les usines allemandes. Les usines Agfa à Munich, les constructions mécaniques des Michelwerke à Augsbourg, les usines Messerschmitt d'Augsbourg-Pfersee, les usines BMW d'Allach, etc.... pas moins de 169 kommandos dépendent du KZ de Dachau.


Père Michel Riquet
(1898-1993)

Mais Dachau se singularise par un étrange accord signé entre le Vatican et le IIIe Reich permettant, aux prêtres de toutes nationalités, dispersés dans les camps de concentrations nazis, d'être regroupés dans le camp de concentration de Dachau.

Ainsi dès 1940 des baraques sont affectées aux prêtres catholiques et aux pasteurs. Un coin chapelle est réservé dans la première des quatre sections du baraquement n° 26, où est célébrée quotidiennement la messe.

Ces blocks regroupent essentiellement des religieux bavarois et polonais, mais aussi des français dont le père Michel Riquet prêtre résistant français arrêté le 17 janvier 1944 par la Gestapo. Il arrive en avril 1944 à Dachau, il sera l'ami de Pierre Johnson (alias colonel Jouffroy) jusqu'à la fin de sa vie menant avec Edmond Michelet, lui aussi déporté à Dachau la reconstruction de la France dès leur retour de déportation. Néanmoins sur environ 2500 prêtres comptabilisés à Dachau, dont 156 français, plus de 1000 ne reviendront pas après la libération.

Il y a aussi les internés bénéficiant d'un régime de faveur, installés dans le bunker des prisonniers de marque, on y trouve le général Delestraint, qui sera exécuté par les nazis le 19 avril 1945, un évêque français Mgr Piguet, la noblesse dont Max Emmanuel von Wittelsbach prince de Bavière, Louis-Ferdinand de Prusse, de nombreux nobles sont déportés pour leur opposition au régime ils se retrouvent au bunker des prisonniers de marque...... !

Dachau est réputé aussi pour ses médecins de la mort qui pratiquent nombres d'expériences sur des cobayes humains que sont les déportés. Chaque camp a ses propres médecins de la mort et ses expériences spécifiques, ci-dessous la liste des expériences "pseudo-médicales" réalisées dans le camps de concentration de Dachau :

- Expériences de ponction du foie (175 victimes environ)
- Expériences sur la malaria (1100 cobayes humains)
- Expériences d'absorption d'eau de mer (40 victimes)
- Expériences de basses pressions (plus de 200 victimes)
- Expériences sur le froid (250 victimes)
- Expériences sur la tuberculose (114 victimes)
- Opérations chirurgicales expérimentales inutiles
- Essais d'alimentation
- Emploi de la mescaline
- Cristallisation du sang par solution

A cela s'ajoute la castration des homosexuels ordonnés par Himmler "Je ne veux plus voire de triangles rose" aurait-il dit aux médecins du camp. Le triangle rose cousu sur la veste rayée est le signe distinctif des déportés homosexuels.

Le camp inauguré en 1933, surpeuplé en 1937, est à nouveau surpeuplé en 1944 avec l'arrivée massive des déportés évacués par les SS qui fuient l'arrivée des américains. C'est ainsi que Pierre Johnson arrive de Herbsbrück dans un train à bestiaux, d'autres arrivent à pied au cours de marches appelées "marches de la mort". Ces évacuations massives ont pour conséquence de provoquer une épidémie de typhus impossible à enrayer. Chaque jour 400 prisonniers meurent du typhus, les cadavres ne sont plus incinérés car il n'y a plus de charbon pour alimenter les fours crématoires, les morts sont ramassés et entassés çà et là dans le camp formant des tas de cadavres en décomposition....

Libération du camp de concentration de DACHAU

Un groupe de résistants clandestins s'est formé dès avril 1945, peut de temps avant l'arrivée des Américains le groupe s'organise en Comitié International de Dachau, le C. I. D. où chaque pays est représenté :

Pour la Belgique : Arthur Haulot , élu vice-président
Pour le Royaume - Uni : Patrick O'Leary, élu président
Pour la France : Edmond Michelet
Pour la Hollande : Willem Boellaard
Pour la Yougoslavie : Oskar Juranic
Pour le Luxembourg : Jim Gonnor
Pour l'Autriche : Alfons Kotbauer
Pour la Pologne : Josef Kokoszka
Pour l'Union soviétique : Nikolai Mihailov
Pour l'Espagne : Vincenz Parra
Pour la Tchécoslovaquie : František Bláha
Pour la Hongrie : George Pallavicini
Pour les peuples des Balkans: Ali Kuci
Pour le secrétaire Leon Malszewski a été élu.

Le 26 avril 1945, comme à Buchenwald, comme à Hersbrück, les SS sentent venir la Libération, ils prennent la fuite à pied avec 7 000 prisonniers, ceux qui sont encore en état de marcher, dont une grande partie sera abattue en cours de route. Ils seront rejoint par les troupes alliées 15 jours plus tard.

Le 29 avril 1945, il reste encore 30 000 survivants au camp, dont mon père et 6 000 français, lorsque la 45ème division d'infanterie de la 7ème Armée américaine libère le camp de concentration de Dachau en fin de matinée. Pour les déportés c'est l'allégresse, pour les Américains c'est le grand choc émotionnel.

Le choc émotionnel commence avant d'entrer dans le camp. Les soldats américains, pourtant aguerris, découvrent avec effroi un train de 39 wagons remplis de cadavres décharné stationné sur l'embranchement ferroviaire à l'extérieur du camp. Parmi ces wagons se trouve celui dans lequel Pierre Johnson est arrivé, 2 ou 3 en sont sortis mourants mais vivants, tous les autres sont restés là sans sépulture, à se décomposer à l'air libre depuis 3 semaines. Les soldats américains dénombrent ainsi 2 310 cadavres abandonnés.

Puis il finissent par entrer dans le camp de concentration pour découvrir là aussi des corps enchevêtrés de cadavres qui ne sont pas incinérés dans les fours crématoires faute de charbon depuis plusieurs semaines. Quant aux survivants malades, amaigris au regard hagard, leur vue est insoutenable pour bon nombre de ces soldats. Néanmoins ces déportés décharnés se trouvent transportés de joie à la vue des Américains mais aussi emprunt d'une haine farouche à la vue des Allemands. Dans ce contexte une folie vengeresse s'empare de quelques soldats et de quelques déportés qui exécutent une partie de la garde allemande restante.

Dès le lendemain de la libération commencent les tâches les plus urgentes, soigner les malades, nourrir les prisonniers et enterrer les morts en coopération avec le Comité International de Dachau fraichement créé. Puis la logistique se met en place : une équipe de médecins de l'armée US ainsi que des camions de nourriture et fournitures médicales arrivent le 30 avril, un hôpital de campagne arrive le 2 mai, un autre le 3 mai 1945. Tous les déportés, les soldats et les soignants sont vaccinés contre le typhus, les déportés sont désinfectés quotidiennement au DDT pour éradiquer les poux qui propagent cette maladie, chaque déporté reçoit des vêtements propres, leur costume de déporté est brûlé pour enrayer l'épidémie. Malgré tout chaque jour 150 déportés meurent encore du typhus et de la dysenterie.


Découverte par les soldats américains des
cadavres de déportés entassés dans un wagon
30 avril 1945


Les prisonniers en liesse
à Dachau libéré
30 avril 1945

Les Américains veulent que le monde entier sache ce qui se passe derrière les grilles des camps de la mort. Ils décident de faire visiter le camp de concentration à tous les habitants de la commune de Dachau et des environs pour leur faire prendre conscience des actes criminels commis par leurs concitoyens. Ils font venir des journalistes et des photographes pour garder un témoignage de l'horreur qu'ils viennent se découvrir. Sur les instructions de l'armée américaine, le 13 mai 1945 commence la mise en terre, dans le cimetière de Dachau et sur la colline de Leitenberg, de plus de 10 000 cadavres par les agriculteurs et tous les habitants.

Puis c'est la reconnaissance nominative de ces hommes et de ces femmes qui ne sont que des matricules. Des interrogatoires individuels sont entrepris pour constituer un dossier remis à chaque déporté avant d'être rapatrié dans leur pays d'origine. Ainsi le parcours de vie de Pierre Johnson est reconstitué le 10 mai 1945, il n'est plus l'esclave appelé par son matricule, mais un homme enfin libre sauf que le matricule 185785 tatoué sur son avant bras gauche depuis son incarcération à Auschwitz est là pour lui rappeler jusqu'à la fin de sa vie ces années de cauchemar. En annexe de l'interrogatoire figure également la liste des objets qui ont été pris par la Gestapo lors de son arrestation, puis lors de son arrivée à Auschwitz parmi lesquels figure son alliance. Voir l'interrogatoire : DACHAU, le 10 mai 1945.

Le temps que le vaccin contre le typhus et la désinfection par le DDT fassent leurs effets, après une mise en quarantaine pour ne pas propager le typhus au delà de l'enceinte du camp, le temps aussi pour les autorités provisoires en France et l'armée Américaine en Allemagne de s'organiser pour rapatrier les déportés "morts-vivants" pour la plupart et Pierre Johnson quitte enfin cet endroit maudit, un exemplaire de l'interrogatoire sous le bras, le 16 mai 1945 dans un convoi de 400 typhiques à destination de Strasbourg.

Le retour à la vie d'un homme brisé mais LIBRE !

Après la libération, Pierre Johnson reçoit
la médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance.
Cette médaille instaurée le 6 août 1948, décernée à titre militaire,
est conçue par le sculpteur René Iché (1897-1954)
qui fut membre de la Résistance dès 1940.
Elle représente deux mains enchaînées dans les flammes.


Carte de Déporté Résistant
17 novembre 1950 (voir page 110 du livre).

Vol du portail "ARBEIT MACHT FREI"


Portail Arbeit Macht Frei
au camp de concentration
de Dachau

Depuis le début des années 2000 on vole les inscriptions "Arbeit macht frei" le travail rend libre apposées à l'entrée des camps de concentration nazis.

- La plaque de granit gravée à l'entrée du camp de Flossenbürg a disparu. L'Association Flossenburg et Kommandos, en a fait gravé une copie.
- L'inscription en fer forgé au dessus du portail d'entrée du camp d'Auschwitz Stammlager a été dérobée en 2009 par le militant néonazi suédois, Anders Högström, qui fut condamné en 2010 à quelques mois de prison. L'inscription retrouvée scindée en trois morceaux a été ressoudée en 2011.
- Le portail en fer forgé, de 2 mètres sur 1 mètre, à l'entrée de camp de Dachau a lui aussi été volé au début du mois de novembre 2013. Une copie a été inaugurée en 2015.

ATTENTION DANGER ! Si on connaît un des coupables et son engagement néonazi, on ne connaît pas les deux autres et l'amalgame devient évident et inquiétant. Cette Liberté si chèrement payée est aujourd'hui encore menacée. La montée du néonazisme, la montée de l'intégrisme religieux, face à la montée de la pauvreté, du chômage et l'écart entre les conditions de vie des plus riches et des plus pauvres en Europe menacent cette Paix retrouvée au lendemain de la libération des camps de concentration. La folie meurtrière des hommes n'a jamais cessé d'exister.


MÉMOIRE
Après la libération, le camp de Dachau et le rapatriement des derniers prisonniers, les SS capturés par les Américains sont restés dans l'attente de leur procès. Le camp est alors transformé en un vaste tribunal militaire américain où sont jugés les criminels de guerre "mineurs" arrêtés dans les secteurs d’occupation américains en Allemagne et en Autriche. Les criminels de guerre "majeurs" sont jugés par le tribunal militaire américain de Nuremberg.
Le procès des criminels de guerre arrêtés à Dachau se tient de novembre à décembre 1945. Sur 40 accusés, 36 ont été condamnés à mort dont le tristement célèbre Docteur Klaus Schilling (1871-1946) pour ses expériences sur les prisonniers de Dachau lui servant de cobayes humains. Condamné à mort pour crimes contre l'humanité, il est pendu dans la prison de Landsberg en mai 1946.

Le procès des criminels de guerres arrêtés au camp de concentration de Mauthausen se tient au printemps 1946, 58 gardes SS sont condamnés à mort, 7 sont condamnés à la prison à vie.

Le procès des criminels de guerre arrêté au camp de concentration de Flossenbürg et dans ses kommandos se tient en 1947. Sur 43 accusés, 23 sont condamnés à la prison à vie, 7 sont acquittés et 11 ont condamnés à mort dont le bourreau qui servit de gardien tortionnaire à Pierre Johnson, Ludwig Schwarz condamné en tant que criminel de guerre à la peine de mort par pendaison, la sentence est exécutée au mois d'octobre 1947.

La liste des procès ne s'arrête pas là, au total 1672 Allemands accusés de crime de guerre seront jugés au cours de 489 procès distincts à Dachau.


© photo U.S. Army- domaine public
Tribunal militaire de Dachau
16 juillet 1946

MÉMOIRE des TÉMOINS ASSOCIÉS

À l’initiative d'Edmond Michelet, l'association "Les Anciens de Dachau" est créée en France au mois de juillet 1945. L'association, dont Pierre Johnson faisait partie, a pour principal préoccupation le maintien des liens de solidarité entre les rescapés du camp de Dachau, l'entraide et le soutien moral, mais également apporter leur témoignage aux nouvelles générations avec l'espoir de préserver l'avenir. En 1998 l'association change de nom et devient l'Amicale du Camp de Concentration de Dachau, elle a pour vocation d'entretenir le devoir de mémoire.

Le Comité International de Dachau créé lors de la libération devient un réseau international après le rapatriement des prisonniers. En 1958 le réseau devient une association de droit Belge portant le même nom. Le C. I. D. est le porte parole de la mémoire des déportés de 37 pays.

 


Edmond-Michelet
(1899-1970)

© Musée ville de Brive


André Delpech
(1924-2012)
© photo C. I. D.

Le Général André Delpech (1924-2012) président de l'Amicale du Camp de Concentration de Dachau de 1991 à 2011 laisse la présidence à un membre de la nouvelle génération. Président également du Comité International de Dachau de 1991 à 2005 il laisse la présidence à un membre de la nouvelle génération. Ainsi la relève est assurée pour que la mémoire soit sauvegardée afin que plus personne ne connaisse les atrocités commises durant cette deuxième guerre mondiale.

En 1994, je me souvient de cet homme au charisme particulier qui remet à mon père la cravate de Commandeur de la Légion d'honneur.

MÉMOIRE MUSÉE et MÉMORIAL

En 1948 l'armée américaine remet le camp à la Bavière qui l'utilise pour en faire un camp de réfugiés. Dix ans plus tard le C. I. D. en partenariat avec le gouvernement bavarois entame un vaste projet de création d'un mémorial. Dès 1960 chaque culte concerné par l'oppression nazie érige un édifice dans l'enceinte de l'ancien camp de concentration de Dachau, le mémorial est inauguré en 1965 dans une première version qui ne cesse d'évoluer depuis.

Aujourd'hui le visiteur découvre les traces du passé depuis la gare de Dachau par un "chemin de la mémoire", un parcours qui le guide de la gare aux bâtiments du camps de concentration, puis au musée où reliquats du camp et documentations sont exposés. Une salle de projection de 250 places propose un film documentaire "Le camp de concentration de Dachau 1933-1945", projections quotidiennes, interdite aux enfants de moins de 14 ans et traduite en Allemand, Anglais, Italien et Français. Visite guidée gratuite pour les anciens détenus et leurs descendants directs. Une bibliothèque et un centre d’archives construits en 1965 sont ouverts au public sur rendez-vous.

© Photo Mémorial - Bâtiment administratif et monument international


Sto za jednog « Cent pour un » -
© photo Mémorial

En 1967 Nandor Glid (1924-1997) remporte le concours international pour la sculpture commémorative de Dachau.

Inaugurée en 1968, réalisée en bronze de 15 mètres de long sur 6 mètres de haut environ, elle représente des corps squelettiques enchevêtrés dans des barbelés. L'auteur est un des rescapés des camps de concentrations dont les parents sont morts à Auschwitz.


Édifices de recueillement religieux, dans l'enceinte du camp de Dachau, à la mémoire des détenus.
1960
© photo Mémorial
Église catholique
Mortal Agony of Christ

Johannes Neuhäusler,
évêque de Munich, fait
construire une
chapelle dédiée à
l'Agonie du Christ
surmontée d'une
couronne d'épines.
Les anciens prisonniers Autrichiens font construire
le clocher surmonté
d'une croix.

1967

© photo Mémorial
Église protestante
Evangelische Versöhnungskirche

L’Église évangélique de
La Réconciliation est
construite à l'initiative
d'anciens détenus par
l'architecte Helmut Strifler.
Usant volontairement de
formes brisées et irrégulière
elle se fond dans le sol
avec son entrée enterrée.

1967

© photo Mémorial
Mémorial juif

Le mémorial juif conçu par
l'architecte Zvi Guttmann
est en pierres de lave noire.
Il est surmonté par une
ménorah en marbre à
sept branches provenant
de la ville de
Peki’in en Israel.

1995

© photo Mémorial
Chapelle russe orthodoxe
Auferstehung unseres Herrn

La chapelle orthodoxe,
en bois dédiée à la
Résurrection du Christ
est construite sur un
monticule de terre
provenant de Russie.
Son architecture octogonale
symbolise les chapelles
funéraires traditionnelles
du nord de la Russie.

L'enceinte du camp ne cesse de s'enrichir de mémoriaux, plaques et autres symboles à la mémoire de tous ceux et de toutes celles qui sont mort à Dachau mais aussi pour rendre hommage à tous ceux et de toutes celles qui bien que rescapée ont survécu dans la douleur du souvenir mais avec le courage de vivre pour témoigner et dire : "PLUS JAMAIS ÇA".


© photo Mémorial

Sur le monument international est inscrit en français, anglais, allemand et russe :

"Puisse l'exemple de ceux qui furent exterminés ici de 1933 à 1945 dans la lutte
contre le nazisme faire que les vivants s'unissent pour défendre la paix la liberté
et le respect de la personne humaine"

A la sortie du monument, se trouve une urne contenant les cendres des victimes du camp de Dachau trouvées lors de la Libération et les mots "PLUS JAMAIS" inscrits sur le mur en hébreux, français, anglais, allemand et russe.


© Photo Mémorial

Parmi cette avalanche de symboles il en figure un qui me choque profondément et qui va à l'encontre de ces belles phrases, de ces bonnes intentions, il s'agit de trois maillons d'une chaîne en bronze supportant des triangles en émail coloré, ces fameux triangles que devaient coudre les prisonniers sur leur veste et sur leur pantalon dès leur arrivée au camp afin de reconnaître le motif de leur arrestation. Mon père portait le triangle rouge avec la lettre F pour déporté politique français . Lors de la réalisation du monument en 1968, il a été décidé de ne montrer que les triangles des déportés politiques et religieux et de ne pas y faire figurer les autres déportés de Dachau comme les tziganes, triangle noir, le homosexuels, triangle rose, les témoins de Jéhovah triangle violet entre autres.

Le mémorial reconnaissant ses erreurs écrit à ce sujet :
"Le destin des autres communautés de détenus, également appelées "les victimes oubliées",
ne fit l’objet de recherches et de discussions publiques qu’à partir des années 80."

© Photo Mémorial

Lire page Réflexions impertinentes


© Photo Mémorial

Deux plaques commémoratives à la mémoire des victimes de la barbarie nazie sont inaugurées par le comité des vétérans de l'armée de libération américaine en 1992 et 1996. Sur chacune un texte en anglais, français et allemand rend hommage aux deux divisions.

 

En l'honneur de la 20ème division blindée "Liberators" de la 7ème armée américaine
qui a contribué à la libération du camp de concentration de Dachau le 29 avril 1945
et à la mémoire des victimes de la barbarie nazie cette plaque a été inaugurée le 20 avril 1996.

 

En l'honneur de la 42 ème division "Arc-en-ciel" et des autres éléments de la 7ème armée américaine
qui ont libéré le camp de concentration de Dachau le 29 avril 1945 et à la mémoire ineffaçable
des victimes de la barbarie nazie ce mémorial a été inauguré le 3 mai 1992


Depuis le mois de juin 1985, à l'initiative de l'Amicale des Anciens de Dachau, au cimetière du Père Lachaise à Paris, se dresse le monument massif des sculpteurs Louis Doco et François Spy.

Un triangle en granit rouge de Finlande gravé DACHAU est soutenu par deux colonnes en granit bleuté de Vire.

Sur la dalle située entre les deux colonnes ont peut lire :

Aux morts de Dachau
Cendres du crématoire

De chaque côté de l'escalier se trouve deux autres plaques. Sur la pelouse à gauche une plaque gravée des mots d'Edmond Michelet :

Nous avons sondé des abîmes
en nous mêmes et chez les autres

Sur la pelouse à droite un bas relief représente le haut d'un pilonne de ligne à haute tension, un homme accroché à des barbelés et un homme couché.

RETOUR                

haut

Copyright © 2016 Nelly JOHNSON Tous Droits Réservés - Mentions légales