Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 - REIMS - Prison Robespierre - 1943/1944 - Après son évasion du Stalag II A, Pierre Johnson décide d'entrer en Résistance.
Chronologie des faits depuis son évasion du Stalag
II A, à cette époque, la France se trouve aux trois
quarts occupée par l'armé allemande et l'armée
italienne.
Puis arrive le moment tant redouté : se faire prendre par la Gestapo ! Tout d'abord c'est quoi la GESTAPO ? GESTAPO est l'abréviation de GEHEIME SHAATSPOLIZEI ce qui signifie POLICE SECRÈTE D'ÉTAT. Créée en 1933 cette police secrète
est la terreur des Résistants. Une loi allemande de 1936 stipule
: "les ordres et les affaires de la police secrète ne sont
pas sujets à l'examen des tribunaux administratifs ", la
Gestapo est donc libre d'agir comme bon lui semble et elle ne s'en
prive pas. Ses pouvoirs sont immenses, ses actions sont efficaces
et redoutables : En 1946, la Gestapo sera condamnée en tant qu'organisation criminelle lors du procès de Nuremberg. La Gestapo à Reims Dénoncé par André C., Pierre Jouffroy (alias Johnson) est arrêté le 7 janvier 1943 à l'hôtel Terminus d'Epernay par le lieutenant-colonel Bischoff, chef de la Gestapo de Reims accompagné de 3 agents de la Gestapo et de nombreux agents de la Feldgendarmerie (FG) police militaire allemande d'Epernay. Seul dans sa chambre d'hôtel, il lui est impossible de se soustraire à l'invasion d'une horde d'Allemands bien décidée à anéantir tout le réseau SR Kleber-Uranus et particulièrement celui qui se trouve à sa tête, le colonel Jouffroy (alias Johnson), qui, sitôt capturé, est écroué à la prison Robespierre de Reims. Quelques jours plus tard, le 13 janvier 1943, c'est sa femme, Blanche Aurore Johnson, active Résistante, membre de la France Combattante, qui sera arrêtée à Paris, elle aussi dénoncée par André C., elle est incarcérée dans un premier temps à la prison de Fresnes. C'est grâce aux Archives Historiques du Ministère de la Défense que j'ai pu obtenir des informations aussi précises sur les conditions des arrestations de Pierre et Blanche Johnson. André C. de Compiègne, a été arrêté le 31 décembre 1942 par la Gestapo. Membre du réseau S. R. il dénonce tous les agents du réseau qu'il connait, dont le commissaire de police de Chaumont, il dénonce même les membres de sa propre famille dont son oncle, intendant à Bar-le-Duc. Ce qui permet à la Gestapo d'arrêter des centaines de personnes et d'affaiblir considérablement la Résistance locale. Pierre Jouffroy alias Johnson va bien évidemment commencer par s'évader de la prison Robespierre (page 87 du livre) sans succès hélas. Il restera emprisonné 15 mois dont 32 jours dans une cage, pour tentative d'évasion, et 9 mois au secret durant lesquels il va subir les plus abominables tortures de la Gestapo dans une villa réquisitionnée. La Convention de Genève qui protège les prisonniers de guerre et qui était plus ou moins respectée par les Allemands au Stalag II A n'est plus respectée en 1943, pour la Gestapo tous les coups sont permis pour obtenir les renseignements que détient Pierre Jouffroy alias Johnson.
Cette maison bourgeoise, de 1 200 m2, construite vers 1925, par les architectes Edmond Herbé et M. Deffaux au 18 rue Jeanne d'Arc, appartient à l'entrepreneur de béton armé Demay. Elle est réquisitionnée par les Allemands en 1940 pour devenir le siège de la Gestapo. De jour comme de nuit Pierre Jouffroy alias Johnson est conduit, menottes aux poignets, au 18 rue Jeanne d'Arc pour y être interrogé. Il est amené dans les sous-sols spécialement aménagés par la Gestapo en cellules individuelles. Assis à califourchon sur une chaise, pieds et mains attachés, le torse nu, il reçoit des coups de nerfs de buf, entre autres tortures, hurlant de douleur jusqu'au moment où inconscient il est reconduit dans la cellule d'isolement de la prison Robespierre. De tels interrogatoires vont durer 9 mois, espacés du temps nécessaire à la récupération de ses forces, à la cicatrisation de ses blessures. Malgré deux côtes et quelques dents cassées, des hématomes sur tout le corps entre autres stigmates Pierre Jouffroy alias Johnson résiste sans jamais dénoncer ses agents, ses amis, ses compagnons de Résistance. La Gestapo voyant qu'elle n'obtiendra rien de lui, va le faire condamner à mort par le Tribunal Militaire allemand de Châlons-sur-Marne, motif de la condamnation : espionnage. Il doit-être fusillé le 30 novembre 1943. Pendant ce temps, Blanche Aurore Johnson, son épouse, est transférée de la prison de Fresnes à Châlons-sur-Marne, puis à Reims où elle va subir aussi les interrogatoires musclés de la Gestapo. Comme son mari elle ne dira rien, elle est finalement transférée à Laon et libérée le 30 novembre 1943 le jour où Pierre Jouffroy, alias Johnson doit être fusillé. Les services de renseignements, ne voulant pas perdre l'un de leurs
meilleurs agents, négocient avec les Allemands, grâce aux
interventions de Roger L. et Louisette T. Durant ces 4 mois Pierre Jouffroy alias Johnson ne reste pas inactif, il reprend du service "secret" par l'intermédiaire de Jeannot, un petit garçon âgé de 7 ans, probablement le fils d'un de ses agents du réseau envoyé pour ne pas compromettre les agents en activité. Il fait ainsi passer des renseignements reçus de certains prisonniers Résistants cotoyés lors des promenades dans la cours de la prison. Puis c'est le départ pour Compiègne Royallieu et la descente aux enfers jusqu'au mois de mai 1945, date de libération du camp de concentration de Dachau par l'armée américaine. En réalité la descente aux enfers ne s'arrêtera qu'après avoir réuni toutes les preuves de son existence car pour les autorités allemandes et françaises Pierre Jouffroy alias Johnson est officiellement mort depuis novembre 1943. Rien n'est venu corriger la liste officielle des 12 fusillés du 30 novembre 1943, dont Pierre Johnson fait partie, transmise au Ministère de l'Intérieur à Vichy. En outre, le bombardement de Reims en 1944 a détruit la majorité des archives allemandes. Il lui faudra réunir plusieurs centaines de témoignages de ses agents survivants des réseaux S. R. et T. R., des services de l'Intelligence Service à Londres ainsi que des membres de sa famille, en particulier sa mère et sa femme qui viendront le reconnaître, pour qu'enfin son identité soit reconnue après de pénibles séances d'interrogatoire à son retour de Dachau. Retrouvez les détails de l'arrestation, torture, condamnation à mort et déportation de Pierre Johnson alias colonel Jouffroy pages 86 à 101 du livre. Sur la toile quelques témoignages de ceux qui ont connu Pierre Johnson à la prison Robespierre :
La reconnaissance de la Nation sera rendue à ceux et celles qui se sont engagés volontairement pendant au moins trois mois consécutifs avant le 6 juin 1944. Les CROIX du COMBATTANT sont destinées, je cite : "à signaler à l'attention de leurs concitoyens qui les ignorent les titres au respect des générations futures de ceux qui, au péril de leur vie, ont défendu la patrie. Pierre Johnson, engagé volontaire dès le 15 décembre 1941, était titulaire de la carte du combattant n°556169, la croix du combattant volontaire par décision n° 1019, la carte du combattant volontaire de la Résistance n° 213, la carte de la confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance n° 1620. Les souffrances morales endurées par la trahison de ses compatriotes, les souffrances physiques endurées lors des séances de tortures de la Gestapo ne seront pas effacées par ces décorations distribuées après la guerre, malgré tout cette reconnaissance est importante pour ceux qui ont sacrifié volontairement une partie de leur vie pour défendre la Liberté de tout un peuple. 1944
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