1939 - 1945
18 juin 1940
Appel du général de Gaulle
le jour où Pierre Johnson est prisonnier de guerre
Dans ses Mémoires de Guerre, le Général de Gaulle décrit
les circonstances qui ont entouré l'Appel.
« La première chose à faire était de hisser les couleurs.
La radio s'offrait pour cela. Dès l'après-midi du 17 juin, j'exposai
mes intentions à M. Winston Churchill. Naufragé de la désolation sur
les rivages de l'Angleterre qu'aurais-je pu faire sans son concours
? Il me le donna tout de suite et mit, pour commencer, la B.B.C. à ma
disposition. Nous convînmes que je l'utiliserais lorsque le gouvernement
Pétain aurait demandé l'armistice. Or, dans la soirée même, on apprit
qu'il l'avait fait. Le lendemain, à 18 heures, je lus au micro le texte
que l'on connaît. »
Texte de l'appel prononcé le 18 juin 1940 sur
les ondes de la B.B.C :
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des
armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en
rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique,
terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre,
ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous
font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands
qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont
aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître
? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis
que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont
vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est
pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire
bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte.
Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie
des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays.
Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre
est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes
les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les
moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui
par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une
force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers
et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique
ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes,
j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries
d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient
à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas
s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.
Affiche "à tous les français" placardée sur les murs de Londres
au lendemain de l'appel du 18 juin 1940
22 juin 1940
Appel du général de Gaulle
le jour où de l'armistice Franco-Allemande
Texte de l'appel prononcé par le Général
de Gaulle le 22 juin 1940 sur les ondes de la B.B.C :
Le gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît
maintenant les conditions dictées par l’ennemi.
Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de
mer et de l’air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient
livrées, que le territoire français serait totalement occupé et que
le Gouvernement français tomberait sous la dépendance de l’Allemagne
et de l’Italie.
On peut donc dire que cet armistice serait, non seulement une capitulation,
mais encore un asservissement.
Or, beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation ni la servitude,
pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bon sens, l’intérêt
supérieur de la Patrie.
Je dis l’honneur ! Car la France s’est engagée à ne déposer les armes
que d’accord avec ses Alliés. Tant que ses Alliés continuent la guerre,
son gouvernement n’a pas le droit de se rendre à l’ennemi. Le Gouvernement
polonais, le Gouvernement norvégien, le Gouvernement hollandais, le
Gouvernement belge, le Gouvernement luxembourgeois, quoique chassés
de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.
Je dis le bon sens ! Car il est absurde de considérer la lutte comme
perdue. Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire
mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l’esprit
d’abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait
perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire,
une flotte intacte, beaucoup d’or. Il nous reste des alliés, dont
les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste
les gigantesques possibilités de l’industrie américaine. Les mêmes
conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5 000 avions
et 6 000 chars peuvent nous donner, demain, la victoire par 20 000
chars et 20 000 avions.
Je dis l’intérêt supérieur de la Patrie ! Car cette guerre n’est pas
une guerre franco-allemande qu’une bataille puisse décider. Cette
guerre est une guerre mondiale. Nul ne peut prévoir si les peuples
qui sont neutres aujourd’hui le resteront demain, même les alliés
de l’Allemagne resteront-ils toujours ses alliés ? Si les forces de
la liberté triomphent finalement de celles de la servitude, quel serait
le destin d’une France qui se serait soumise à l’ennemi ?
L’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la Patrie, commandent
à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront
et comme ils pourront.
Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut
une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être
réuni, en fait d’éléments militaires français et de capacités françaises
de production d’armement, doit être organisé partout où il y en a.
Moi, Général de Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche
nationale.
J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer
et de l’air, j’invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes
de l’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient
y parvenir, à se réunir à moi.
J’invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces
françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuellement,
à se mettre en rapport avec moi.
J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et
à me suivre.
Vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance !
Les Français parlent aux Français
Les appels du Général de Gaulle depuis les studios de
la BBC à Londres vont ouvrir dès 1940, la voie à
la voix de la Résistance. Jusqu'en 1944 "Radio Londres -
Les Français parlent aux Français" va permettre aux
Résistants de recevoir et d'envoyer des messages codés.
C'est ainsi que Pierre Johnson recevra, au mois d'août 1942, l'ordre
codé à propos du sabotage du terrain d'aviation de Romilly
(Voir livre page 86). Les Allemands
vont interdire l'écoute de l'émission puis confisquer
le postes à lampe. Peine perdue, il y a toujours des petits malins
pour camoufler leur poste et organiser des écoutes clandestines.
Tract largué par la R. A. F. (Royal Air Force)
RETOUR
|